Tout d’abord, nous allons différencier 4 types de pilotes de drone pour que vous compreniez bien celui dont nous allons parler dans cet article :
- Les pilotes militaires : ce sont des officiers, qui pilotent à distance les gros drones militaires en assurant la sécurité de l’aéronef, ils interviennent pour des missions de surveillance, de renseignements et d’appui aux opérations, notamment dans les conflits internationaux.
Leur formation en France se déroule dans les bases militaires de Salon-de-Provence et Cognac avant d’être opérationnels. Bien sûr, leur cursus militaire est spécifique, recruter à partir de l’obtention du baccalauréat et de la réussite aux tests d’entrée.
C’est une activité en marge de l’activité de pilote de drone loisirs et professionnel comme nous l’entendons, mais je souhaitais vous apporter ces précisions et peut-être même encourager certain d’entres-vous à tenter l’aventure.
- Les fonctionnaires d’état : Ils peuvent également être des militaires pour les pompiers de Paris et Marseille, ou les gendarmes, mais également des policiers municipaux comme on l’a vu ces derniers jours dans l’actualité.
Au sein des collectivités et institutions, ils sont également chargés de communication ou garde forestier par exemple. Pour ces pilotes au statut de fonctionnaires ou assimilés, les tâches complémentaires à cette activité de pilote sont variées et propres à chacun de leurs postes.
Eux aussi ne seront pas l’objet de cet article, ils représentent une infime partie des 17000 aéronefs enregistrés actuellement en France. Mais leur quotidien peut tout à fait être l’objectif de certains d’entre vous qui souhaite pratiquer cette activité en complément d’une vocation pour les futurs gendarmes par exemple!
- Les salariés : ils commencent à être de plus en plus nombreux au sein des entreprises ou le drone commence à se démocratiser. On trouvera en premier lieu des entreprises dans le BTP comme Vinci ou Eiffage qui commencent à internaliser leurs télépilotes ; les plus connues avec des applications spécifiques à la SNCF ou encore ENEDIS, des TPE et PME avec les géomètres par exemples. Ces pilotes internes, salariés, ne représentent aussi qu’une petite partie des pilotes.
Bien sûr, l’avenir est ici, et ce sont bien ces activités spécifiques, qui sont en plein développement dans notre secteur. Loin des livraisons par drone autonome dont de nombreux tests ont déjà débutés partout dans le monde.
De nombreuses pistes évoluent très vite, on a vu ces derniers mois se perfectionner le traitement des toitures par drone, des insectes, les mappings des cimetières, la modélisation des digues, des édifices… et en grande majorité réalisée suite au développement matériel interne à chaque entreprise.
- Et enfin, ceux dont c’est l’objet dans cet article, les télépilotes Freelances comme les entrepreneurs individuels, les micro-entrepreneurs, les gérants de société qui travaillent seuls ou avec une petite équipe.
▶︎ Télépilotes Freelances
En France, la grande majorité de ces pilotes de drones professionnels, travaillent dans l’audiovisuel. Même s’ils peuvent réaliser quelques prestations d’orthophoto, photogrammétrie et modélisation dans leur activité et dans le panel des prestations qu’ils proposent, c’est bien dans la prise de vue aérienne par drone, photo et vidéo, que se tient une majorité du vivier.
Quels sont leurs profils? Jeunes actifs ou cinquantenaires en reconversion, ils sont peut-être issus du parcours classique de vidéaste ou photographe, même si aujourd’hui, ces professions se forment et viennent grossir les rangs.
C’est la promesse de liberté et d’autonomie qui guide surtout les passionnés à se mettre à leur compte et espérer vivre de la commercialisation de leur réalisation audiovisuelle. Cependant, si l’on peut logiquement estimer que chacun aura sa chance en fonction de ses compétences, comme tous les autres métiers, c’est très souvent les compétences principales de tout bon chef d’entreprise, ou des compétences complémentaires au pilotage qui feront la réussite, et non la concurrence.
▶︎ La concurrence?
Jamais je ne suis en concurrence avec un autre pilote drone sur les projets de mes clients! Soit parce qu’ils n’ont pas suffisamment fait preuve de leurs compétences ou qu’ils ont manqué de professionnalisme lors des échanges, c’est possible, mais rare quand même… Mais surtout parce que mon principal concurrent c’est le budget communication de l’entreprise ou de la collectivité. Je ne dois pas me vendre ou vendre mes réalisations, mais plus largement vendre les avantages d’une belle série de photographies aériennes pour mettre en valeur un camping ou une commune, une vidéo de présentation d’une entreprise, de ses services ou de ses équipes par exemple.
Pour ça, pour convaincre, ce ne sera pas mes compétences de pilote de drone que je devrais activer, mais bien celles qui font de moi un bon ou un mauvais chef d’entreprise.
Quelles sont les compétences complémentaires dont-il faut disposer pour ça au quotidien ?
▶︎ L’administratif
Lorsque l’on est à son compte ou que l’on souhaite s’installer, on s’inquiète toujours de la partie administrative, en bon français. Dans la majorité, ces tâches sont très simples à réaliser et il y a de nombreux organismes et aides en ligne qui viennent compléter le partenaire principal de l’entreprise dans ce domaine, à savoir l’expert-comptable.
Ce n’est donc pas la difficulté que vous devez craindre, mais le manque de temps ou le manque d’organisation pour y parvenir. Mais je peux vous assurer que c’est bien loin de ce que vous imaginez. Le stress ne vient pas des taches administratives en elles-même, mais bien du délai que vous allez vous laisser pour les réaliser en repoussant toujours l’inévitable au lendemain.
En tant que pilote de drone, les autorisations de vols, avec des protocoles souvent fastidieux à réaliser s’ajoutent à cela. Pas de stress, elles ne sont pas non plus insurmontables et des spécialistes sauront très bien le faire pour vous, en cas de doute. C’est une crainte que vous ne devriez pas avoir.
▶︎ L’organisation
Elle est un point noir des entrepreneurs individuels. Si on ne peut pas prévoir au millimètre notre organisation, notre métier étant lié en grande partie aux conditions météo, la première règle s’est de s’organiser pour la moindre chose, le moindre rappel avec un agenda papier ou électronique pour séquencer son travail et se fixer des objectifs.
Ne jamais repousser au lendemain le mail au banquier pour le prévenir d’une baisse imprévue de la trésorerie, à la préfecture pour répondre aux compléments d’information d’une déclaration de vol, à la DGAC pour déclarer annuellement les heures de vol, au client pour répondre à son interrogation.
▶︎La commercialisation
Elle non plus, elle n’est pas simple. Mais rien ne l’est dans la vie. Votre réactivité ne pourra qu’être un facteur de réussite. L’inverse est malheureusement trop le cas. Répondez rapidement aux appels téléphoniques, aux sollicitations et questionnements des clients et à leur demande de chiffrage.
Personne n’aime attendre et nous ne sommes plus en 1980 ou le délai de réponse d’un prestataire signifiait qu’il était débordé et donc qu’il était compétent. Aujourd’hui avec les outils numériques il faut savoir rapidement répondre au client sinon cela est perçu comme un manque de respect. Pour l’être, encore faut-il comprendre la demande du client, sa problématique et ce que vous pourrez lui apporter.
Le dialogue, que ce soit avec vos prospects, clients ou partenaires, il est la clé. Ne leur cachez rien pour nouer des relations de confiance et respectez les délais annoncés. De la même manière, assurez-vous d’avoir bien compris leurs attentes quitte à demander de nouvelles explications.
T’es gentil Monsieur Jesaistout, mais moi on ne m’appelle jamais, je n’arrive pas à faire décoller ma boite!
C’est vrai, la réussite d’une entreprise ne tient pas toujours de la qualité de vos réalisations ou de votre réactivité. Pour une raison simple, avant que ce soit le cas, encore faut-il faire ses preuves et avoir des exemples à montrer et donner confiance!
La communication est primordiale. Dans notre métier, si nous disposons avec le numérique de tous les outils pour y parvenir, encore faut-il les maitriser. En 2020, je ne comprends toujours pas les entrepreneurs dans l’audiovisuel qui réalisent l’ensemble de leur communication via les réseaux sociaux sans avoir au minimum un site internet vitrine de qualité pour montrer leurs réalisations, point de départ des contacts entrants outre que l’étape fastidieuse du démarchage qui marche de moins en moins, si tant est que ça ait déjà fonctionné dans notre domaine.
Soignez votre communication, assurez-vous qu’elle soit professionnelle et qualitative.
Avant de vous parler rémunération, j’aimerais apporter des précisions sur cet article et particulièrement ce point.
J’ai fait participer plusieurs pilotes à cette réalisation pour leur exposer ma vision et échanger sur le sujet, je voudrais les remercier. Notamment Cyril et Brice qui ont pris également de leur temps pour ça, merci. Depuis plusieurs semaines, les nouvelles vidéos et nouveaux articles que j’ai posté ont été le déclenchement de nombreux échanges et nombreux questionnements sur mon métier de pilote de drone.
J’ai souhaité écrire cet article pour vous partager mon avis et mes observations sur ce qu’il est aujourd’hui.
J’ai créé une lettre d’information, disponible sur le site en vous abonnant, pour partager régulièrement ce regard et des conseils. Concernant la rémunération des pilotes professionnels, je vais évoquer celle que je connais.
▶︎ Être Polyvalent
Depuis une petite dizaine d’années dans le domaine, j’ai côtoyé de nombreux pilotes et bien sur, c’est un sujet qui est souvent au cœur de nos rencontrent. Il faut savoir que la plupart des pilotes que je connais ne se définissent pas comme tel. Ils se considèrent avant comme indépendant dans l’audiovisuel.
Leurs prestations sont souvent plus larges.
Les pilotes réalisant des prestations en thermographie, vont réaliser des plans audiovisuels pour un réalisateur hors saison pour travailler sur des vidéos corporate, ceux travaillant pour des clients institutionnels, vont proposer du suivi de chantier et des photos d’illustrations aériennes et terrestres en complément.
Personnellement, je réalise des prestations de conseils en communication, des tests matériel et du web car j’aime cette diversité dans mes activités en plus de mon métier de pilote.
Finalement, seuls les touches à tout capables de mettre à jour leur site et accessoirement ceux de leurs clients pour intégrer la vidéo, ceux-là s’en sortent.
Pour autant, je ne dis pas qu’il n’existe pas de pilote n’exerçant QUE cette activité aux côtés des réalisateurs ou pour des travaux aériens, relevés topographiques, contrôles de panneaux photovoltaïques ou pylônes, mais ils sont peu nombreux et intègrent peu à peu des groupes ou des réseaux.
▶︎ La Facturation
Lorsque vous êtes auto-entrepreneur, aujourd’hui appelé micro-entreprise, ou entreprise individuelle, EURL ou SASU par exemples, vous aurez à répondre à deux clientèles : les particuliers, plutôt rares, mariages, propriétaires de gîtes pour n’en citer que quelques-uns et les professionnels. Ils n’ont évidemment pas les mêmes exigences et ils ne s’agit pas du même type de prestations.
Un pilote facturera une demi-journée de prestation environ 200-250€ à un particulier et 350 à 450€ à un professionnel. Et au forfait journée, rare pour les particuliers, je ne crois même pas en avoir déjà réalisé, et pour les pros, entre 700 et 900€, tout ça HT bien sûr, une journée de tournage.
Il s’agit là d’une côte mal taillée, j’en suis conscient, mais on me demandez souvent des chiffres et j’ai pensé que vous donner une moyenne serait intéressant pour vous et pour tous ceux qui ont le projet de se lancer également.
Bien sûr, il y a plein de paramètres qui entrent en compte dans un chiffrage. La fidélité du client, les frais de bouche et de déplacement, la complexité de la réalisation, le matériel utilisé… c’est vaste, mais la base citée est correcte.
Pour bien vivre, toujours en moyenne, un entrepreneur individuel devra réaliser 5000€ HT de chiffre d’affaires mensuel alors qu’une micro-entreprise pourra se contenter de 3000€. Les charges étant moins importantes avec tous les inconvénients que ce statut représente sur le long therme, mais ce n’est pas l’objet de cet article pour en débattre.
La réalisation de ces chiffres d’affaires correspond entre 4 à 6 prestations par mois, en fonction des projets bien sûr pour la création de petites vidéos et photographies aériennes pour une entreprise ou une collectivité. Le salaire net qui s’en dégagera, in fine, se situera alors entre 1300 et 2500€ par mois.
Les pilotes purs sont très rares et leur quotidien, au sein d’un réseau, est parfois fastidieux et redondant, entre les pilonnes et les champs de panneaux voltaïques pour certains. Il y a une redondance désagréable à ces missions. Mais, ce qui nous tient tous, c’est la liberté et l’autonomie, vivre d’une passion, travailler la majorité du temps en extérieur. C’est un très beau métier, très gratifiant et c’est plaisant d’être à son compte lorsque les affaires marchent comme on dit !
J’espère que cette réflexion ne vous découragera pas à franchir le pas ou préparer votre projet, elle doit également attirer votre attention sur le fait qu’il ne suffit pas de bien piloter et bien monter ses vidéos pour réussir, beaucoup de pilotes à leur compte vous le confirmeront.
Il faut être polyvalent, bon commercial et optimiste, préparer soigneusement son projet, travailler avec des partenaires solides et une vision à moyen ou long terme.
N’hésitez pas pour les pilotes qui ont lu cet article à partager également votre expérience, vos conseils. Ils seront les bienvenus, je suis sur, ainsi que tous ceux qui nourrissent l’espoir de le devenir. Si vous avez des questions, on poursuit ces échanges en commentaires.